Leur intervention collective, le 30 avril dernier, en pleine cérémonie de remise des diplômes, a fait le buzz. Eux, ce sont 8 jeunes ingénieurs fraîchement diplômés d’Agro Paris Tech, qui ont fustigé «une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours» et appelé leurs camarades à «refuser les jobs destructeurs promus par leur école». Pour enfoncer le clou, ils ont affirmé ne croire «ni au développement durable, ni à la croissance verte, ni à la transition écologique».
La direction de l’école a réagi en soulignant que cette dernière formait «des ingénieurs du vivant, amenés à évoluer dans la complexité et dont le métier sera d’imaginer, de concevoir et de déployer des solutions» et qu’ «elle s’inscrivait donc dans une démarche résolument constructive».
Le chercheur F Gemmene, contributeur au groupe d’experts du GIEC, a pour sa part salué sur Twitter «un discours d’une exceptionnelle puissance» en ajoutant que «dans toutes les grandes écoles et universités, il y a quelque chose qui est en train de se passer».
Quoi qu’il en soit, la démarche de ces jeunes diplômés interpelle. Elle renvoie au vécu des cadres dans nos propres services qui constatent l’écart patent entre les ambitions affichées, les moyens mis à disposition, les actions réalisées. Elle renvoie aussi au sentiment de perte de sens et aux conflits d’éthique auxquels l’encadrement est de plus en plus souvent confronté. Elle renvoie enfin au syndicalisme que nous voulons construire.
Faire de la question environnementale un enjeu majeur de notre syndicalisme, c’est aussi répondre aux aspirations des ICTAM, notamment des plus jeunes, qui ne voient pas dans le syndicalisme un outil pour relever ce défi. La décision du dernier congrès de l’UGICT de mettre à disposition des syndicats et des ICTAM un «radar environnemental» pour les aider à réorienter la finalité et le contenu de leur travail» ne manque pas d’ambition. L’intervention des 8 jeunes diplômés invitait chacun à «bifurquer». Offrons à nos collègues ICT une bifurcation qu’ils aient envie de prendre! Rendez-vous au 8ème Congrès de l’Ofict les 1er et 2 juin pour en débattre et décider!